Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/157

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et le regarda profondément entre les sourcils ; de ce coup d'œil perçant qui avait raison même des brutes, il lui fit baisser les yeux. Puis : « Vous vous moquez, dit-il ; ce serait peu si vous ne vous moquiez de nous. Vous n’êtes pas si fort, puisque vous faites le brave. Vous avez eu un père, peut-être ? comme les autres, Monsieur, et une mère qui a souffert pour vous : ce sont eux que bafoue votre sarcasme. » Nous nous en allions ; et, il me dit, assez haut pour être entendu : « Voilà encore un homme de lettres. Gageons qu’avant dix ans, il nous fera un livre pour nous convier au culte de sa famille, et à l’adoration d’un petit chiot qui aura l’extrême honneur d’être son fils. »


Je vois les yeux de cet homme si ferme, quand un enfant venait à lui, ou quand