Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/167

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la mienne est humaine, et les prend en pitié. La leur est de labour, et dans sa ligne stupide elle m’ignore.

La pensée n’est ni bonne ni mauvaise : ce n’est pas de son ordre. Et c’est ce qu’elle a de pire. Fou qui ne se l’avoue pas. — Mais elle est vraie, coassent toutes ces pauvres grenouilles, dans l’enthousiasme de leur étang. Quel vacarme elles font à la lune, qu’elles appellent le soleil de l’intelligence. Que l’intelligence règne, clabaudent-ils tous. — Où sera-ce ? et sur quoi, ô misérables parleurs ? Qu’est-ce que cette intelligence, si elle ne fait rien pour la vie humaine ? si elle est bonne, tout au plus, à désespérer le cœur de l’homme. Car il n’y a que le cœur et que la vie qui comptent, entendez-vous. Je ne dirai rien contre elle, ni tout le mal qu’elle fait : ce n’est pas de son ordre. Mais ce ne