Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/186

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Ô douleur.

Je voudrais mourir… Mais la mort me Le rendrait-elle ?

Elle ne me le rendra pas. Ainsi je ne puis plus ni vivre, ni mourir. Une agonie éternelle. Je connais enfin ma condition d’homme. Le problème de la mort, c’est celui de l’univers ; et l’homme est le misérable géomètre qui se le pose. Il ne comporte que des solutions imaginaires, et tout le calcul se fait dans l’analyse de l’agonie.


Rien n’a de véritable puissance à me retenir, que mon immense amour pour mon Pauvre Petit. Il veut que je vive, à tout le moins puisque je ne peux lui rendre la vie. Il le veut. Il l’exige. Et moi, je ne veux pas le trahir, comme il l’a été de tout le reste : car il a presque