Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/249

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fut sceptique. Le doute n’est qu’un moyen. Douter n’est pas jouer, mais se jouer. Ce n’est pas un état où se tenir. Il faut croire ; ou nier et souffrir.

Le dénouement est sanglant ; mais quand il mord la terre, ce grand nihiliste y trouve enfin sa nourriture. Il n’est pas de vos sages, pour qui c’est un suprême contentement d’en donner une aux vers. Je ferais mon paradis de l’enfer, où Pascal précipite le monde dans son néant. Car cet enfer, il n’y fait qu’antichambre : sur le théâtre, il s’est réservé l’autre côté de la toile ; le rideau baissé sur la pièce misérable et les ridicules héros de la tragédie, le texte sacré commence. Le néant du monde, s’il est garant d’une vie éternelle, quelle sphère de plénitude. Perdez-moi sur l’heure, dispersez-moi en poussière de nullité, pourvu que mon cœur, à