Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/251

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mort, et pour lui, je n’ai rien pu faire. Et que suis-je, déjà, moi-même ? J’appelle rédemption, la vie de mon amour. La science règne, mais sur la mort. Hélas ! je connais ce pouvoir absolu, et je n’espère plus m’y soustraire. Je suis le sujet de choix, que cette reine tue, après l’avoir initié à ses mystères. Pascal, lui, s’est assuré le salut.

En possession d’une réalité si pleine et si parfaite, ce grand nihiliste essaie le diamant de sa négation sur ces formes de verre, la vie, la mathématique, les vanités de l’homme, la gloire, la raison et toute la pièce du monde. Il peut même faire fi de la révolte ; et ainsi fait-il de la mort. Son bon père selon la chair, cet homme digne de faire un grand homme, il peut le perdre et n’en point verser de larmes. La mort n’est qu’un temps ; la