— C’est cela. Tu ne dois pas l’être, mon bien aimé. Ne te console donc point. Vis pour moi ; vis, pour que je vive.
— Pourquoi l’exiges-tu, chère victime ?
— Parce que tu m’aimes à ce point que tu préfères la douleur de vivre à la douleur de me perdre, en te perdant toi-même. Et, aussi, parce que je t’ai tant aimé. Tu dois vivre, pour ne rien faire contre toi. Pense à moi, comme si j’y étais. Tu dois vivre, pour surmonter la vie, pauvre frère, et te vaincre.
— À quelle douleur tu me condamnes…
— C’est le mal où ton amour m’eût condamné. Souffre donc, tu me conquerras, peut-être : au prix de ta chair, au prix de tout ton sang. Je les attends de toi, qui sait ?
— Ce ne serait rien, frère chéri, si seulement je te rendais le souffle.