Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/35

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La main de la mort s’est abattue sur lui ; elle l’a renversé, elle l’a tué d’un seul coup. Et le même coup nous a tués ensemble : lui, sous le soleil riant, et moi qui survis, et qui, à la même heure, vins ouvrir la porte à la visiteuse sans cœur, par un matin funèbre de brume, d’ombre grise et de pluie morne.


Un seul instant et c’en fut fait : la vie s’est retournée dans la mort, comme une lame de fond, quand elle prend un canot, il capote la quille en l’air, et tout ce qui respirait la lumière est bu par le gouffre sombre. Encore un pas, et ce court chemin, sablé de soleil, tombait sur un mur rigide de charbon, entre des puits et des précipices de ténèbres. C’est là que j’ai tout laissé. Quelques secondes ont balancé