Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/96

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Salutation des larmes


Pour les marins du Vienne.


Ceux du Vienne sont perdus : Doux frère, comme nous.

L’océan rend leurs épaves. Les fiancés de la mer sont descendus près d’elles. On ne trouve plus que les vestiges de ceux qu’elle a pris. Elle laisse flotter une guenille, un bout de corde. Parfois, elle renvoie un lambeau d’homme, un haillon de chair suspendu à un os. Mais elle s’est réservé l’âme des marins, leur chère vie qu’elle a cueillie sur les lèvres dans un dernier souffle.