Page:Suarès - Tolstoï.djvu/27

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et comme il arrive toujours aux hommes dans la force de l’âge, quand ils s’y livrent. Toute vertu suppose une victoire. Il est bon de s’en proposer sur soi-même. Le vieillard l’obtient peut-être avec moins d’effort, et c’est sans doute parce qu’il a aussi moins de force. Mais en faut-il conclure que le jeune homme ne le puisse pas ?

Tolstoï aura toujours le droit de répondre que l’adultère n’est pas seulement un crime à l’homme vieux, mais au barbon et au jeune homme. Il n’est peut-être pas fatal à la nature humaine que les jeunes gens ne puissent vivre sans être adultères. Et, du reste, le remède qu’y voit Tolstoï confond cette sophistique. Pour ne pas être adultère, il montre au jeune homme que son devoir est de se marier. De la sorte, cette philosophie n’est pas faite à l’usage des vieilles gens. S’il est facile au vieillard de n’être pas adultère, il n’a qu’à ne pas se marier. Et si le jeune homme a des passions que le vieillard n’a point, il n’a qu’à prendre femme, où le vieillard ne doit plus prétendre.

L’Évangile, selon Tolstoï, n’est point une règle aisée ; mais il n’est pas légitime d’en faire une règle impossible. Au surplus, toute morale souffre