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Page:Suarès Péguy.djvu/79

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d’y croire. Il eût persévéré dans l’erreur avec force. Il n’a jamais été loin du fagot.

D’ailleurs, il n’était pas son propre dieu. Dans tout ce qu’il voulait, en tout ce qu’il pensait, il ne faisait pas un dieu de lui-même : il était avide qu’on eût les mêmes dieux que lui, impatiemment.

Ni pessimiste, ni dupe. Il était un peu misanthrope, si l’on entend par là qu’il jugeait les hommes sans indulgence. Il avait la dent fort dure, surtout pour ses amis. Après tout, le misanthrope est celui qui aime le plus les hommes. Il ne se plaint d’eux, il n’est trompé que pour leur avoir trop fait crédit.

Péguy n’était pas sans amertume. Il avait fait une expérience ingrate du succès et de la vie. Il ne croyait guère au