Page:Suarès Péguy.djvu/97

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peint le sillon, et l’homme de la terre le trace pas à pas.

Il a donné sa vie pour la victoire, et ne l’a pas goûtée ; voilà qui est digne de lui encore, et de sa fatalité.

Souvent, quand nous parlions de nos destins, l’un et l’autre, il répétait un mot que j’ai dit, il y a longtemps : « Nous sommes posthumes à nous-mêmes. N’attendons rien, car nous n’aurons rien. Nous ne sommes pas de ceux qui recueillent. » Il souriait ; et il essuyait les verres de son binocle : il avait alors la mine d’un bon prêtre, qui interrompt sa lecture. Il était sûr de finir pauvre et de n’avoir jamais ce que le monde appelle la fortune ou le succès.