Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/101

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à quelqu’un… — reprit-elle avec un accent déchirant… — que je vous dise à vous… oh oui, à vous… pourquoi je suis la plus malheureuse des femmes ! »

Et elle fondit en larmes en cachant sa figure dans ses deux mains.

Il y eut dans ces mots, dans le regard désolé qui les accompagna, quelque chose de si navrant, que malgré moi je me sentis ému ; mais réfléchissant aussitôt, qu’après tout, cela pouvait être feint pour m’amener à jouer un rôle ridicule, je me hâtai de dire très-sèchement à madame de Pënâfiel que je me croyais digne d’une telle confidence, et que si mon dévouement, mes conseils pouvaient lui être de quelque utilité, je me mettais absolument à ses ordres, — et autres banalités des plus glaciales.

Comme madame de Pënâfiel ne me parut pas s’apercevoir de la froideur cruelle avec laquelle j’accueillais ses plaintes, je vis dans son inattention, que je crus calculée, une résolution dédaigneuse de jouer sans déconcert son rôle jusqu’au bout, et j’en fus misérablement irrité. Mais maintenant, plus instruit par l’expérience, je m’explique cette inadvertance de