Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/102

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madame de Pënâfiel, qui m’avait alors été une preuve si positive et si blessante de sa fausseté.

C’est que la première révélation d’un chagrin longtemps caché cause à l’âme, où il se concentrait douloureusement, un soulagement si ineffable, qu’entièrement sous le charme de cette bienfaisante effusion, on ne songe pas à remarquer l’impression qu’on a produite.

C’est seulement ensuite, lorsque le cœur, déjà moins souffrant, se sent un peu ravivé par ce divin épanchement, que, levant les yeux avec espoir, on cherche dans un regard ami quelques larmes de tendresse et de commisération.

Ainsi quand, après une séparation longue et pénible, deux amis se retrouvent, ce n’est qu’ensuite de l’ivresse des premiers embrassements que chacun pense a chercher sur le visage de l’autre si l’absence ne l’a pas changé.

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Ce premier pas fait, madame de Pënâfiel continua donc en passant sa main sur ses yeux humides de larmes :

« Vous expliquer pourquoi je me sens une confiance si extraordinaire en vous, me sera, je crois, facile… Je vous le répète, je sais que