Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/69

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Mais, sans me laisser le temps d’achever, elle s’était écriée que c’était une insigne fausseté ; qu’elle recevait M. de Merteuil et M. de Senneterre ses jours habituels ; qu’elle ne les voyait presque jamais le matin ; qu’ignorant le danger de ce défi, elle était allée à cette course comme à toute autre, et que, si elle n’était pas restée jusqu’à la fin, c’est qu’elle avait eu froid.

À cela je lui opposai le bruit, et conséquemment la conviction publique que voici : « Elle a savait être aimée par MM. de Merteuil et de Senneterre, ayant, par une coquetterie inexcusable, encouragé leurs soins rivaux ; elle se trouvait ainsi la première et seule cause de ce défi meurtrier ; aussi, son départ insouciant avant la fin de la lutte avait-il au moins autant scandalisé que sa présence à cette course ; enfin, le soir, son apparition en grande loge à l’Opéra avait semblé le comble de la sécheresse de cœur et du dédain. »

Madame de Pënâfiel ne pouvait croire d’aussi misérables médisances ; quand je l’en eus convaincue, elle me parut douloureusement peinée, et me demanda comment il se faisait que des gens du monde et sachant le monde fussent assez sots ou assez aveuglés pour penser qu’une femme comme elle jouerait un tel rôle.