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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/102

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douce, qui n’était pas sans une sorte de charme… Je me reconnus d’abord avec joie une ineffable gratitude pour la mémoire de mon père, et je le bénissais pieusement et avec admiration de m’avoir pu toujours témoigner une affection aussi profonde, et surtout aussi prévoyante, malgré les terribles convictions qu’il avait sur l’oubli où on laissait ceux qui n’étaient plus.

Sortant de ma première stupeur, je commençai enfin à apprécier la grande position qu’il m’avait faite : c’était pour lui en avoir sans doute une éternelle reconnaissance ; mais, enfin, en comprenant cette position dans toute sa splendeur, je frémissais quelquefois, tremblant qu’au fond de ce vif sentiment il n’y eût de ma part une affreuse réaction de satisfaction égoïste.

J’ai dit que j’étais demeuré longtemps sans remarquer la beauté d’Hélène : bien que cela doive sembler singulier, on le concevra, en songeant que jusqu’à ce moment elle avait été pour moi une sœur ; lorsque je la quittai pour voyager, elle était au couvent, et presque enfant ; puis, pendant les derniers mois de la vie de mon père, j’avais été si cruellement préoccupé de ses douleurs, et Hélène s’était montrée