Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/104

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dit, elle demeurait avec moi sur un pied tout fraternel.

C’était enfin une affectueuse et tendre nature, charitable et bienveillante à tous, mais devenant d’une fierté ombrageuse et d’une susceptibilité extrême dès quelle pouvait soupçonner qu’on pensait à faire la moindre allusion à sa pauvreté.

Je me souviens toujours qu’avant la mort de mon père, Hélène m’avait bien longtemps et très-sérieusement boudé, parce que j’avais étourdiment et sottement dit devant elle : que les jeunes personnes sans fortune étaient presque toujours malheureusement dévolues dès leur naissance à de vieux goutteux, qui, las du monde, cherchaient une pauvre jeune fille bien née qui voulût se résigner à partager leur hargneuse solitude.

La mère d’Hélène, sœur de mon père, était une femme faible, insouciante, mais parfaitement bonne, spirituelle et remarquablement distinguée. — Son mari, longtemps chargé de hautes fonctions diplomatiques, très-prodigue, très-joueur, aimant le faste, le grand luxe, représentant sa cour le plus noblement et le plus somptueusement du monde, avait presque entièrement dissipé sa fortune et celle de sa