Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/117

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mille tentatives souvent inutiles pour se procurer un beau bouquet.

Que sais-je ? tous ces enfantillages me furent contés si naïvement par mademoiselle de Verteuil, que je fus ému de surprise et touché jusqu’aux larmes ; car avant de partir pour mon voyage, pendant quelques séjours qu’Hélène était venue faire à Serval, je ne l’avais jamais considérée que comme un enfant.

Depuis le soir où j’avais par hasard rencontré sa main sous la mienne, Hélène semblait m’éviter ; sa taciturnité habituelle augmentait ; son caractère, jusque-là doux et égal, devenait brusque ; elle restait souvent des heures enfermées chez elle, ses volets fermés, dans l’obscurité la plus complète.

Je souffrais moi-même beaucoup ; j’étais inquiet, préoccupé ; il me semblait qu’un aveu de ma part aurait dû rendre Hélène au calme et au bonheur ; mais une invincible timidité retenait cet aveu sur mes lèvres.

Un soir pourtant, qu’Hélène était moins abattue et moins triste que de coutume, je l’accompagnai dans sa promenade à cheval ; je me promis d’avoir le courage de lui avouer mon amour, mais seulement lorsque nous serions dans l’immense allée de chênes dont j’ai