Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/123

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de rêver à ce qui vient de vous charnier, de sentir au fond de votre cœur comme l’écho affaibli de ces plaintives et dernières vibrations ; un chant ainsi coupé vous entraîne davantage, cl se fait désirer plus vivement encore.

Pendant ces délicieux moments, j’étais toujours assis auprès d’Hélène, j’avais sa main dans les miennes, et leurs douces pressions étaient pour nous un muet langage, grâce auquel nous échangions nos sensations, si profondes et si variées ; quelquefois même, enivrante et chaste faveur ! je profitais d’un moment d’obscurité pour appuyer ma tête sur la blanche épaule d’Hélène, dont la taille semblait alors s’assouplir plus languissamment.

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Mais, hélas ! ces beaux songes devaient avoir leur réveil… réveil amer et décevant !

C’était à la fin d’une journée de novembre ; je revenais au château, à pied avec Hélène, mademoiselle de Verteuil et mon précepteur, dont j’avais fait mon intendant.

Le temps était sombre et couvert, le soleil à son déclin ; nous suivions la lisière de la forêt déjà diaprée des nuances de l’automne. Les bouleaux à écorce argentée semblaient secouer des feuilles d’or ; les ronces, les lierres et les