Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/134

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ment attristé en contemplant l’austère figure de mon père ; jamais son caractère triste et sévère ne m’avait paru plus imposant… Le front vaste et dégarni était proéminent ; l’orbite profonde, et les yeux abrités par des sourcils épais et gris semblaient m’interroger avec une fixité perçante ; les pommettes étaient saillantes, les joues creuses, la bouche sévère et hautaine ; enfin, la couleur sombre des vêtements se confondant avec le fond du tableau, je ne voyais que cette pâle figure qui, seule, éclatait de lumière dans l’obscurité.

Je m’agenouillai, et je méditai longtemps.

Lorsque je relevai la tête, une chose bien naturelle en soi m’épouvanta si fort, que je frissonnai involontairement : il me sembla voir, ou plutôt je vis comme une larme brillante rouler sur les joues du portrait, puis elle tomba froide sur ma main, que j’appuyais au cadre…

Je ne puis exprimer ma première épouvante, car je restai quelques minutes presque sans réflexion.

Puis, surmontant cette terreur puérile, je m’approchai, et je vis alors que l’humidité et la chaleur combinées avaient, seules, produit ce suintement sur la toile, renfermée depuis longtemps. Je souris tristement de ma frayeur,