Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/176

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l’emploi de cette liberté. Puis je tâchai d’excuser à mes propres yeux l’ingrat oubli où je laissais la mémoire de mon père ; je me dis que, par compensation, j’avais au moins pieusement obéi à l’une de ses muettes inspirations en échappant aux projets intéressés d’Hélène. — Car quelquefois je cherchais encore une misérable consolation, ou plutôt une infâme excuse à ma conduite, dans de nouveaux et indignes soupçons sur cette noble fille, qui d’ailleurs avait quitté sa province pour faire un voyage en Allemagne avec sa mère.

Pourtant, malgré l’amertume de mes regrets, comme toujours, le passé se voila peu à peu, s’obscurcit et s’effaça presque tout à fait.

Je ne sais si ce fut l’inexplicable enivrement de la vie de Paris qui devait me causer plus tard cette indifférence à propos de jours autrefois si chers à mon cœur.

Je n’avais pourtant pas apporté à Paris un étonnement de provincial ; j’étais resté à Londres pendant deux brillantes saisons, et, grâce aux anciennes et intimes relations de mon oncle et de notre ambassadeur, relations que mon père et ma tante lui avaient rappelées, en me recommandant à lui lors de mon voyage, je m’étais trouvé placé dans le meilleur et le plus