Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/196

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son courrier partit, et il monta en voiture.

« La course est pour deux heures, — me dit M. de Cernay ; — le temps est magnifique ; j’ai envoyé mes chevaux à la porte Dauphine ; si vous voulez faire ensuite un tour au bois, j’ai un cheval à vos ordres.

— Mille grâces, — lui dis-je, — j’ai aussi envoyé les miens. Mais cette course est-elle intéressante ? — demandai-je au comte.

— Elle ne l’est malheureusement que trop : — deux milles à courir, trois haies de quatre pieds et demi, et, pour bouquet, une barrière fixe de cinq pieds à franchir.

— C’est impossible, — m’écriai-je ; — pour dernier obstacle une barrière fixe de cinq pieds ! Mais sur cent chevaux il n’y on a pas deux capables de prendre sûrement un tel saut après une pareille course ; et, si on le manque, c’est à se tuer sur la place.

— C’est justement cela, — reprit le comte en soupirant ; — aussi je suis au désespoir d’être juge, ou plutôt témoin de cette espèce de défi meurtrier, qui peut coûter la vie à l’un de ces deux braves gentlemen [1], si ce n’est à tous deux ;

  1. Ce mot anglais gentleman ne signifie pas gentilhomme dans une acception aristocratique, mais homme parfaitement bien élevé et de très-bonne compagnie, de quelque condition qu’il soit ; on devrait peut-