Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/29

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on n’est pas encore venu le réclamer. Or, probablement que ce vieux brigand se trouve bien là où il est, et où vous allez aussi, monsieur. Mais c’est tout de même un drôle de village que *** : on y va… mais on n’en revient pas ! »

Comme mon guide, je fus frappé de cette étrangeté, et ma curiosité augmenta de plus en plus.

« Mais cet homme, — lui dis-je, — le dernier que tu as mené, était-il bien vieux ?

— Comme ça… dans les cinquante ans, sec comme du bois ; les cheveux tout blancs, mais les yeux et les sourcils noirs comme du charbon. Et puis je me rappelle que quand je lui ai demandé son bagage, et qu’il m’a montré la grande boite, il a ri, mais tout de même d’un drôle de rire, car il avait comme de l’écume aux lèvres ; et puis j’ai remarqué qu’il avait les dents très-pointues et très-écartées, et on dit que c’est signe de méchanceté… ce qui ne m’étonnerait pas, vu qu’il a l’infamie de ne payer qu’à vingt-cinq sous, et encore d’appeler les autres son bon ami !

— Et comment était-il vêtu ? — demandai-je, malgré moi de plus en plus intéressé à ce récit.

— Oh ! bien couvert : une grande redingote