Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/111

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mon cœur la plus âpre, la plus mortelle jalousie, me révéla toute l’étendue de mon amour pour madame de Pënâfiel, et aussi tout le ridicule du nouveau rôle que je jouerais auprès d’elle, si ce soupçon était fondé.

J’allais lui répondre lorsqu’elle fit un mouvement qui, dérangeant les plis de sa robe, découvrit, à ses pieds, sur le tapis, un médaillon tombé probablement de l’armoire de Boule qu’elle avait si brusquement fermée à mon arrivée, pour cacher le crucifix et sans doute ce médaillon. C’était un portrait d’homme ; mais il me fut impossible d’en reconnaître les traits. Je n’eus plus alors d’incertitude ; toutes mes autres arrière-pensées s’évanouirent devant cette preuve si évidente de la fausseté de madame de Pënâfiel ; alors aigri, torturé par les mille sentiments de jalousie, de colère, de haine, d’orgueil blessé, qui me transportèrent, je me levai, et lui dis avec le plus grand sang-froid :

— Vous êtes mon amie, madame ?

— Oh ! la plus dévouée, la plus sincère, — reprit-elle avec une expression de reconnaissance qui éclaira ses traits, jusqu’alors assombris par ma froideur.

— Je puis donc vous parler avec la plus entière franchise ?…