Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nuit je vais passer, dans quelle inquiétude je vais être !… »

Il me vint alors à l’esprit une de ces pensées qu’on a lorsqu’on aime avec idolâtrie.

J’avais un cheval de course d’une grande vitesse, c’était Candid ; il y avait trois lieues et demie de Paris au château de *** ; — la nuit était belle, la lune brillante, la route parfaite ; — je voulus, pour épargner à Marguerite non-seulement une nuit, mais une heure, mais quelques minutes de chagrin, savoir, dans le moins de temps possible, si le bracelet était resté ou non dans la bibliothèque de ***, — quitte à tuer mon cheval.

« Pardon de mon égoïsme, — dis-je à Marguerite, — mais votre regret et la perte que vous avez faite me font souvenir que j’ai laissé étourdiment une clef à un coffret qui contient des papiers importants ; j’ai toute confiance dans mon valet de chambre, mais d’autres que lui peuvent entrer chez moi, permettez-moi donc d’écrire un mot, que je vais envoyer par ma voiture, pour ordonner d’ôter cette clef et de me l’apporter. »

J’écrivis aussitôt ces mots :

« Georges sellera à l’instant Candid, il ira au château de ***, demandera au régisseur