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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/152

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Noémi prit une houssine, courut au cheval, le saisit à la bride et le frappa.

Daphné se précipita sur moi pour me secourir.

Anathasia resta immobile, fondit en larmes et s’évanouit…

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Il y a quelque temps je voulus éveiller dans l’âme de ces jeunes filles le souvenir de la patrie absente ; souvenir si doux et si précieux aux natures un peu sauvages !

Ce ne fut pas sans hésitation que je tentai cette épreuve ; j’avais comme un remords d’évoquer de pareils regrets, de raviver de pareilles douleurs.

Pauvres filles ! elles vivaient en esclavage, et bien souvent leur pensée errante et mélancolique avait du aller se reposer tristement sous les beaux ombrages ou s’était abritée leur jeunesse ! Pauvres hirondelles prisonnières, elles n’attendaient, hélas ! sans doute, que le moment de regagner leur nid à tire—d’ailes…

C’était donc un jeu cruel, je le sentais, que de leur donner un fol espoir ; néanmoins j’assemblai ma maison féminine, et j’annonçai aux douze esclaves que j’allais quitter l’île et les