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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/154

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je me drapai dans ma pelisse d’un air magistral.

Mais les cris, mais les sanglots redoublèrent, et toutes s’écrièrent avec une résolution qui me parut très-menaçante : « Nous ne voulons pas quitter le toit du bon Franc !  ! nous sommes bien à Khios : nous resterons à Khios avec le bon Franc ! »

Tout bon Franc que j’étais, je ne pouvais m’empêcher d’avoir une pauvre idée des sentiments naturels de ces dames lesbiennes, samiennes ou scyriotes ; mais intérieurement je me sentais, je l’avoue, assez flatté de la préférence qu’elles m’accordaient sur le sol natal, et sur ses accessoires.

Je voulus tenter un nouvel essai, je leur annonçai que je donnerais à chacune d’elles deux mille piastres, les habits qu’elles portaient, et qu’elles pourraient s’en aller où bon leur semblerait, car je voulais quitter l’île.

Aux imprécations que souleva mon innocente proposition, je craignis un instant d’avoir à subir le sort d’Orphée.

Abandonnant son nain, à la grande satisfaction de ce dernier qui se frottait tristement les épaules, Noémi fondit sur moi comme une tigresse, me saisit par mon yellek, car j’étais