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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/196

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deux peuples et celui des Français !… des Français, quelquefois rigoureusement soumis, mais jamais respectueux ; obéissant gaiement à des supérieurs dont ils se moquent, ou se faisant admirablement tuer pour des causes qu’ils insultent.

Je fus amené à faire ces différents rapprochements en observant les habitudes calmes, presque claustrales, qui régnaient à bord de la frégate russe, et qui, après quelques jours de navigation, eurent une réaction très-singulière sur nous autres passagers.

Rien en effet de plus singulier que l’aspect de ce bâtiment : — c’était le silence au milieu de la solitude des mers.

À part les commandements des officiers, on n’entendait jamais un mot.

Muet et attentif, l’équipage ne répondait aux ordres de ses chefs que par le bruit de la manœuvre qu’il exécutait avec une précision mécanique.

Au soleil couchant, l’aumônier lisait la prière ; tous les marins s’agenouillaient pieusement, puis ils descendaient dans la batterie.

Mais toujours et partout un silence inexorable… S’ils étaient battus de cordes pour une