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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/202

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— mort d’une mort violente et affreuse, il y a de cela deux ans… Irène l’avait pris en si extrême affection que j’en étais devenue presque jalouse. Je ne saurais vous dire la douleur incroyable de cette enfant lorsqu’elle ne vit plus Ivan, qu’elle demandait sans cesse ; elle avait alors quatre ans, elle ressentit un chagrin si profond qu’elle tomba très-gravement malade et faillit mourir. C’est à cette époque que je l’ai vouée au blanc, en suppliant Dieu de me la rendre… Mais ce qui m’étonne extrêmement, monsieur, c’est que depuis deux ans vous êtes la seule personne à qui Irène ait dit qu’elle l’aimerait.

Irène, qui avait attentivement écouté sa mère, me prit la main, et me dit d’un air presque inspiré en levant au ciel ses grands yeux encore humides de larmes : — Oui, je l’aimerai comme Ivan, parce qu’il ira bientôt là-haut comme Ivan…

— Irène… mon enfant… que dites-vous !!! Ah ! monsieur, pardon… — s’écria madame de Fersen… presque avec effroi, en me regardant d’un air suppliant.

— Quand je devrais l’acheter par la fin du pauvre Ivan, — lui dis-je en souriant, — lais-