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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/209

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assez m’étonner des confidences qu’il me faisait, à moi si jeune, et qui lui étais si complètement étranger.

Comme je ne pouvais supposer qu’un homme depuis longtemps habitué à traiter les affaires les plus épineuses et les plus graves, pût agir avec légèreté lorsqu’il était question de ce qui le touchait personnellement, je pensais que tout ce que m’avait dit M. de Fersen devait être profondément calculé… que ce n’était pas sans dessein qu’il avait ainsi oublié la réserve que lui commandaient nos positions et nos âges respectifs.

Aussi, je le répète, je ne pouvais voir à ces confidences au moins bizarres, d’autre but, que celui de me prouver l’impossibilité de réussir auprès de madame de Fersen.

Et pourtant, d’un autre côté, j’avais été désagréablement frappé en entendant le prince me parler de sa femme comme d’un instrument nécessaire à sa diplomatie. Il m’avait semblé voir percer la sécheresse du cœur la plus grande dans sa manière de me parler d’elle ; — d’ailleurs, dans ses rapports habituels avec madame de Fersen, non-seulement il ne se montrait pas jaloux (il était trop du monde