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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/214

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Je ne sais si madame de Fersen remarqua ce sentiment, mais elle rougit, et dit à sa fille, sans doute pour éluder de répondre à sa question :

— Oui, mon enfant, j’y serai… je l’espère du moins.

— Mais vous y serez avec lui ?… — répéta l’enfant en me montrant du bout de son petit doigt.

Soit qu’elle fut contrariée de la singulière insistance d’Irène, soit qu’elle en fût embarrassée, madame de Fersen la baisa tendrement au front, la pressa sur son cœur et la serra dans ses bras, en lui disant : — Vous êtes une petite folle ; dormez, mon enfant… — Puis elle ajouta d’un air distrait, en regardant à travers la fenêtre de la galerie : — Il fait un bien beau temps aujourd’hui, monsieur ; que la mer est calme !

— Très-calme, — répondis-je avec assez de dépit, en voyant la conversation prendre cette tournure.

Irène ferma ses yeux et parut vouloir dormir ; sa mère, avec une grâce indicible, ramena quelques grosses boucles de cheveux sur les yeux de l’enfant, et lui dit à voix basse cette puérilité maternelle : — Dormez, mon enfant.