Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/23

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Au lieu de croire Falmouth attiré vers moi par une sympathie égale à celle que je ressentais pour lui, je cherchais à pénétrer quel intérêt il pouvait avoir eu à m’offrir de l’accompagner. Je savais sa fortune si énorme que je ne pouvais voir dans son offre le désir de diminuer de moitié les frais du voyage qu’il voulait faire en me proposant de l’entreprendre avec lui… Néanmoins, en songeant aux contradictions si extrêmes et si inexplicables de la nature humaine et à la plus que modeste simplicité que Falmouth affectait parfois, je ne regardais pas cette misérable arrière-pensée comme absolument inadmissible.

Sans renoncer à cette honteuse supposition, je vis encore dans sa proposition l’insouciance dédaigneuse d’un homme blasé, qui prendrait au hasard et indifféremment le bras du premier venu pour faire une longue promenade, pourvu que ce premier venu suivît la même direction que lui…

Telles étaient les arrière-pensées qui venaient bien souvent malgré moi flétrir un avenir que quelquefois je rêvais si beau !

— O mon père ! mon père !… bien fatal est le terrible don que vous m’avez fait en m’ap-