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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/235

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bientôt que ce que je vais vous dire m’aura été dicté par l’affection la plus sérieuse et la plus sûre.

— Mais parlez… je vous prie… parlez… vous m’effrayez.

— Jamais, jusqu’ici, madame, vous n’avez connu la calomnie ; elle ne devait pas, elle ne pouvait pas vous atteindre… C’est cette confiance souveraine dans l’élévation de votre caractère, dans le respect qu’il a toujours inspiré, qui vous a empêchée de craindre la médisance… Pourtant, croyez moi, madame… si j’acceptais cet adorable avenir d’intimité que vous me proposez… l’irréprochable pureté de vos principes ne saurait vous garantir des attaques les plus perfides.

— Jamais je ne sacrifierai mes amis à la crainte, ma conscience me suffit, — me dit madame de Fersen avec l’insouciance courageuse d’une femme sûre d’elle-même…

— Et qu’en savez-vous, madame ? — m’écriai-je ; — avez-vous lutté, pour être si certaine de vaincre ? Jamais !… Jusqu’ici la rayonnante pureté de votre vie a suffi pour vous défendre… En quoi auriez-vous pu donner prise à la calomnie ? Mais songez donc que je suis venu de Khios avec vous ! de Toulon à Paris avec vous !