Aller au contenu

Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Depuis longtemps madame de Fersen me regardait avec un étonnement qu’elle ne pouvait dissimuler ; elle parut d’abord presque choquée de mon refus et de mes observations.

Je m’y étais attendu… Pourtant ses traits prirent une expression plus bienveillante ; et elle me dit avec une nuance de froideur :

— Je ne vous conteste assurément pas votre connaissance du monde… et surtout de la société parisienne, que je sais des plus brillantes et des plus dangereuses… mais je crois que vous vous exagérez les périls qu’on y peut courir, et surtout l’influence que la médisance aurait sur moi.

— Et pourquoi donc, madame, la médisance n’aurait-elle pas d’influence sur vous ? Que vous suis-je, pour que plus tard vous hésitiez une minute à me sacrifier aux impérieuses exigences de votre réputation ? Mettrez-vous seulement en balance le soin de votre honneur, votre responsabilité de l’avenir de votre fille, avec le plaisir de nos conversations de chaque jour ? Non, sans doute, et vous aurez raison ; car si vous persistiez dans votre projet, car si j’avais la lâcheté de vous y encourager, lorsque la médisance vous aurait atteinte, vous auriez le droit de me dire avec mépris : Vous préten-