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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/73

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« Lorsque je vous rencontrai pour la première fois, ce fut à un déjeuner chez M. de Cernay : l’agrément de votre conversation me frappa ; puis, à quelques traits de votre esprit, je vis qu’avec tous les dehors de la bienveillance et de la cordialité, vous deviez pourtant rester à tout jamais séparé des autres hommes par une barrière infranchissable.

« Dès lors, je m’intéressai vivement à vous.

« Je savais par expérience que les caractères excentriques tels que le vôtre, souffrent cruellement de l’isolement qu’ils s’imposent ; car ces natures fières, délicates et ombrageuses ne peuvent se fondre dans la masse du monde se sentant toujours meurtries ou blessantes, leur instinct les porte à se créer une triste solitude au milieu des hommes.

« Je partis pour l’Angleterre sous l’empire de ces idées.

« À Londres je rencontrai plusieurs personnes qui me parlèrent de vous d’une façon qui me confirma dans mon opinion à votre égard.

» Je vous retrouvai quelques mois après chez madame de Pënâfiel, dont vous étiez très-occupé.

« Comme je partageais alors les préventions