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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/98

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reconnaissant. Ces plaintes que m’arrachait la douleur physique, et que j’étouffais si péniblement, eussent été adoucies par la touchante sollicitude d’un frère !

Et penser… mon Dieu ! m’écriai-je, que cette réalité que moi-même j’avais si souvent rêvée, en songeant à l’amitié, était là près de moi !

Et penser que cette fois encore, par le plus étonnant concours de circonstances, je n’avais qu’à me laisser aller au bonheur qui m’était offert !

Et penser que cette fois encore, une monomanie fatale, furieuse, m’avait fait abandonner toutes les chances de félicité possibles pour les remords les plus affreux !

Alors, me voyant si incurablement malheureux, des idées de suicide me vinrent à l’esprit.

Je me reprochai d’être odieusement à charge à moi et aux autres. Je me demandai à quoi j’étais bon ; ce que je faisais des avantages que le hasard avait accumulés sur moi : jeunesse, santé, richesse, force, intelligence et courage.

Jusqu’ici à quoi avais-je employé ces dons précieux ? À faire le malheur de tous ceux qui m’avaient aimé !