Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/151

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Madame de Fersen me regarda avec un étonnement profond et douloureux, car je ne l’avais pas habituée à ces formes acerbes.

Je continuai :

« Je suis d’ailleurs ravi de trouver cette occasion de vous dire une bonne fois pour toutes, que vos colloques, que vos verbiages continuels avec tous ces ennuyeux et suffisants personnages me déplaisent et m’impatientent au delà de toute expression… Jamais je ne vous trouve seule… vous êtes toujours entourée de ces gens-là, qui trouvent fort commode de faire de votre salon une succursale de leur chancellerie… J’aimerais mille fois mieux que vous fussiez entourée de jeunes gens les plus élégants et les plus spirituels, dussiez-vous vous montrer pour eux aussi coquette que madame de V*** ! Au moins je pourrais être jaloux de quelqu’un ; je pourrais lutter de soins et de tendresse avec un rival… Mais ici… contre qui voulez-vous que je lutte ? À qui m’en prendre ? aux nations… Or, je vous déclare que je ne trouve rien de plus pitoyable, de plus humiliant, que d’être réduit à être jaloux de l’Europe, ou à disputer le cœur de la femme que j’aime aux orateurs de la chambre… ainsi que je le fais encore aujourd’hui…