Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/212

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Mais me croiront-elles ? quelles preuves leur donnerai-je de ce que j’avance ?

Et puis il y a dans cette dénonciation de ma part quelque chose de bas qui me répugne.

Après tout, Marie est légitimement la femme de Belmont, j’aime Marie… cet amour met presque cet homme à mon niveau.

Maintenant c’est une lutte ouverte entre lui et moi. J’ai déjà l’avantage puisqu’il est absent ; il n’est pas loyal d’augmenter encore mes chances par une délation.

Enfin, si Marie m’aime assez pour vaincre ses scrupules, pour oublier ses devoirs envers un homme qu’elle croit honnête et bon, ne serai-je pas plus orgueilleux de mon bonheur, que si elle croyait ne me sacrifier qu’un homme indigne d’elle, qu’un homme que la justice peut chaque jour réclamer comme sa proie ?

Décidément je ne dirai rien…

Mais si cet homme revient ?… Mon Dieu, quelle affreuse idée !

Marie est sa femme, après tout, et c’est le hasard seul qui l’a préservée de la souillure de cet homme infâme.

Mes scrupules sont fous, sont stupides… Je ne sais pourquoi j’hésite à tout dire à Marie…

Mais à quoi bon ? Cette confidence prévien-