Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/64

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à l’affaire… Quant à moi, il m’est évidemment prouvé que, si vous le voulez, vous pouvez remplir avec distinction une mission importante ; car vous sentez bien que vous n’êtes pas de ces jeunes beaux qui, n’ayant que leur nom et leur fortune, doivent s’estimer très-heureux quand on les nomme attachés d’ambassade. Non, non, ce n’est pas à vous qu’on fait de pareilles propositions ! Il faut que vous entriez par la belle porte ; il faut surtout que vous soyez à même de vous montrer dans toute votre valeur. Malheureusement, chez nous, — ajouta-t-il en hésitant, — chez nous, les exigences, les traditions de la hiérarchie sont si impérieuses que les missions en Europe sont très-restreintes, et dans ce moment-ci elles sont toutes remplies… »

Je regardai M. de Serigny. Il fallut tout mon empire sur moi-même pour ne pas éclater de rire. À la tournure que prenait sa proposition, il ne s’agissait plus pour moi d’un exil, mais d’une véritable déportation.

Mais vous sentez bien, — lui dis-je en conservant tout mon sang-froid, — que, dans le cas on ceci aurait quelque suite, je n’ai pas la prétention ridicule d’ambitionner de prime saut une mission en Europe…

— Et puis comprenez bien une chose, —