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Page:Sue - La Bonne aventure, Tome 2, 1851.djvu/203

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tiens, Anatole, je suis honteux pour toi d’en venir à de pareils raisonnements. Comment ! tu ne peux pas te contenter de vivre dans un monde où chacun est classé selon son mérite ? N’est-ce donc pas aussi une belle aristocratie que celle du talent ? Figure-toi une réunion composée de ces illustres roturiers, poètes, peintres, musiciens, penseurs, savants, philosophes, hommes d’État, dont l’Europe entière, dont les deux mondes, vénèrent les noms célèbres et admirent les travaux ; figure-toi un Montmorency, un Créqui, un Luxembourg ou un prince de Lorraine quelconque, n’ayant pour soi que son nom et sa richesse, voulant lui aussi être de ce monde illustre qui n’est pas, qui ne sera jamais le sien ! Le vois-tu, s’étonnant, se révoltant de ce que ces princes de l’intelligen-