Page:Sue - La Bonne aventure, Tome 6,1851.djvu/186

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à ma malheureuse enfant, alors pure, confiante, sans défense. Que voulez-vous ! dix-sept ans, orpheline, seule au monde, elle n’a pu résister… (Silence entrecoupé de sanglots.) Et puis après est venu l’abandon, la honte, la misère !… la misère si affreuse, qu’on aime mieux se tuer, soi et son enfant, que de la supporter ! (Sanglots.) Mais la mort n’a pas voulu de ma fille ! Alors ça été l’infamie ! Traînée à l’audience, son déshonneur affiché à la face de tous, sa pauvre chère figure livrée aux regards de cette foule avide ! elle ! elle ! ma Clémence !… Si vous la connaissiez, vous comprendriez les tortures qu’elle a endurées ! {Sanglots déchirants.) Mon Dieu ! mon Dieu ! cet homme, je viens le tuer, mais je ne le tuerai qu’une fois ! et ma fille a souffert mille morts !