Page:Sue - La Bonne aventure, Tome 6,1851.djvu/253

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il ne lui était resté de son insanité qu’une sorte d’oblitération de mémoire, remontant aux premiers jours où il s’était adonné à l’ivresse. Perte de mémoire très concevable d’ailleurs, car, à dater de ce moment, la vie de Joseph avait été partagée entre l’abrutissement de l’ivrognerie et l’espèce de torpeur d’esprit et de corps qui lui succède. Joseph ne conservait de cette triste époque de sa vie qu’un souvenir confus ; — il lui semblait, — disait-il lorsque sa guérison fut complète, — avoir dormi près de cinq années d’un sommeil pénible et agité. Les premiers temps de sa convalescence s’étaient écoulés dans ce petit village, situé si loin de Paris qu’il avait été facile de cacher à Joseph tout ce qui se rattachait au procès criminel fait à Maria. Aimant comme elle passionnément la