Page:Sue - La Bonne aventure, Tome 6,1851.djvu/255

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nous l’avons dit, ces gens si cruellement éprouvés vivaient dans cette petite colonie aussi heureux que l’on peut l’être après avoir traversé de telles adversités.

Sans doute, les cicatrices de ces plaies, jadis si profondes restaient douloureuses ; bien des fois un souvenir, une date, un mot, une allusion involontaire, faisaient tressaillir Clémence ou Maria, et une larme difficilement contenue brillait alors dans leurs yeux. Sans doute le bon Joseph n’avait plus sa naïve et franche gaîté d’autrefois, et souvent le colonel Duval s’arrêtait pensif et sombre au milieu de ses longues promenades sur la montagne. Sans doute, enfin, une teinte de mélancolie s’étendait sur toutes ces physionomies jadis si gaies, si charmantes ou si