Aller au contenu

Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bert ! lui dit Rose avec admiration, il fait des chansons.

— Certainement, c’est superbe… mais ce qui me flatte surtout, c’est qu’il est bon pour sa mère, et qu’il manie vigoureusement le marteau… Quant aux chansons, avant qu’il ait fait le Réveil du peuple et la Marseillaise… il aura joliment battu du fer ; mais c’est égal, où ce diable d’Agricol aura-t-il appris cela ?… sans doute à l’école, où, comme vous allez le voir, il allait avec Gabriel, son frère adoptif…

Au nom de Gabriel, qui leur rappelait l’être idéal qu’elles nommaient leur ange gardien, la curiosité des jeunes filles fut vivement excitée ; Blanche redoubla d’attention en continuant ainsi :

« Le frère adoptif d’Agricol, ce pauvre enfant abandonné que la femme de notre bon Dagobert a si généreusement recueilli, offre, me dit mon père, un grand contraste avec Agricol, non pour le cœur, car ils ont tous deux le cœur excellent ; mais autant Agricol est vif, joyeux, actif, autant Gabriel est mélancolique et rêveur ; du reste, ajoute mon père, chacun d’eux a, pour ainsi dire, la figure de son caractère ; Agricol est brun, grand et fort… il a l’air joyeux et hardi ; Gabriel, au contraire, est frêle, blond, timide comme une jeune fille, et sa figure