Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/22

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prent la cime bleuâtre des montagnes de glace, et colorent d’un rouge sombre les hautes roches noires des deux continents.

Après avoir atteint ce rayonnement magnifique, l’aurore boréale pâlit peu à peu, ses vives clartés s’éteignirent dans un brouillard lumineux.

À ce moment, grâce à un singulier effet de mirage, fréquent dans ces latitudes, quoique séparée de la Sibérie par la largeur d’un bras de mer, la côte américaine sembla tout à coup si rapprochée, qu’on aurait cru pouvoir jeter un pont de l’un à l’autre monde.

Alors au milieu de la vapeur transparente et azurée qui s’étendait sur les deux terres, deux figures humaines apparurent.

Sur le cap sibérien… un homme à genoux étendait les bras vers l’Amérique avec une expression de désespoir incommensurable.

Sur le promontoire américain, une femme jeune et belle répondait au geste désolé de cet homme en lui montrant le ciel…

Pendant quelques secondes, ces deux grandes figures se dessinèrent ainsi pâles et vaporeuses aux dernières lueurs de l’aurore boréale.

Mais le brouillard s’épaississant peu à peu, tout disparut dans les ténèbres.

D’où venaient ces deux êtres qui se rencon-