Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/362

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Ce qui est encore remarquable dans cette sinistre congrégation, c’est le lien mystérieux qui, unissant tous ses membres entre eux, les isole des autres hommes ; car ils ont des lois à eux, des coutumes à eux ; ils se dévouent, se soutiennent, s’aident entre eux ;… mais pour eux, il n’y a ni pays, ni famille… ils ne relèvent que d’un sombre et invisible pouvoir, aux arrêts duquel ils obéissent avec une soumission aveugle, et au nom duquel ils se répandent partout, afin de faire des cadavres, pour employer une de leurs sauvages expressions[1]


  1. Voici quelques passages du très-curieux livre de M. le comte de Warren sur l’Inde anglaise.

    « Outre les voleurs qui tuent pour le butin qu’ils espèrent réaliser sur les voyageurs, il y a une classe d’assassins organisés en société, avec des chefs, une science, une franc-maçonnerie et même une religion qui a son fanatisme et son dévouement, ses agents, ses émissaires, ses collaborateurs, ses troupes militantes et ses affiliés passifs qui contribuent de leurs deniers à la bonne œuvre. C’est la communauté des thugs ou phansegars (trompeurs ou étrangleurs, de thugna, tromper, et phansna, étrangler), communauté religieuse et industrielle qui exploite la race humaine en l’exterminant, et dont l’origine se perd dans la nuit des âges.

    « Jusqu’en 1810, leur existence était inconnue non-seulement des conquérants européens, mais même des gouvernements indigènes. Entre les années 1816 et 1830, plusieurs de leurs bandes avaient été prises sur le fait et