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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/418

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couraient sur les récifs avec une effrayante rapidité.

Le pont de chaque navire offrait un spectacle terrible ; la mort de tous les passagers paraissait certaine, car une mer affreuse se brisait sur des roches vives au pied d’une falaise à pic.

Le capitaine du Black-Eagle, debout à l’arrière, se tenant sur un débris de mâture, donnait dans cette extrémité terrible ses derniers ordres avec un courageux sang-froid. Les embarcations avaient été enlevées par les lames. Il ne fallait pas songer à mettre la chaloupe à flot ; la seule chance de salut, dans le cas où le navire ne se briserait pas tout d’abord en touchant le banc de roches, était d’établir, au moyen d’un câble porté sur les roches, un va-et-vient, sorte de communication des plus dangereuses entre la terre et les débris d’un navire.

Le pont était couvert de passagers dont les cris et l’épouvante augmentaient encore la confusion générale.

Les uns, frappés de stupeur, cramponnés aux râteliers des haubans, attendaient la mort avec une insensibilité stupide ; d’autres se tordaient les mains avec désespoir, ou se roulaient sur le pont en poussant des imprécations terribles.

Ici, des femmes priaient agenouillées ; d’au-