Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/436

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noirs aussi… ce qui m’a semblé singulier.

— C’est vrai, les marins ne sont guère habillés de la sorte.

— Du reste, quoique le navire où il était fût anglais, je crois que mon héros est Français, car il parle notre langue comme toi et moi… Ce qui m’a fait venir les larmes aux yeux, c’est quand les jeunes filles sont revenues à elles… En le voyant, elles se sont jetées à ses genoux ; elles avaient l’air de le regarder avec religion et de le remercier comme on prie Dieu… Puis après, elles ont jeté les yeux autour d’elles comme si elles avaient cherché quelqu’un ; elles se sont dit quelques mots, et ont éclaté en sanglots, en se jetant dans les bras l’une de l’autre.

— Quel sinistre, mon Dieu ! combien de victimes il doit y avoir !

— Quand nous avons quitté les falaises, la mer avait déjà rejeté sept cadavres… des débris, des caisses… J’ai fait prévenir les douaniers garde-côtes… ils resteront là toute la journée pour veiller ; et si, comme je l’espère, d’autres naufragés échappent, on les enverrait ici… Mais, écoute donc, on dirait un bruit de voix… Oui, ce sont nos naufragés.

Et le régisseur et sa femme coururent à la porte de la salle, qui s’ouvrait sur une longue galerie, pendant que M. Rodin, rongeant con-