Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/537

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Une lueur vacillante passant à travers les deux carreaux d’une porte vitrée annonçait que la Mayeux veillait encore, car ce sombre réduit, sans air, sans lumière, ne recevait de jour que par cette porte, ouvrant sur un passage étroit et obscur pratiqué dans les combles.

Un méchant lit, une table, une vieille malle et une chaise, remplissaient tellement cette demeure glacée, que deux personnes ne pouvaient s’y asseoir, à moins que l’une ne prît place sur le lit.

La magnifique fleur qu’Agricol avait donnée à la Mayeux, précieusement déposée dans un verre d’eau placé sur la table chargée de linge, répandait son suave parfum, épanouissait son calice de pourpre, au milieu de ce misérable cabinet aux murailles de plâtre gris et humide qu’une maigre chandelle éclairait faiblement.

La Mayeux, assise tout habillée sur son lit, la figure bouleversée, les yeux remplis de larmes, s’appuyant d’une main au chevet de sa couche, penchait sa tête du côté de la porte, prêtant l’oreille avec angoisse, espérant à chaque minute entendre les pas d’Agricol.

Le cœur de la jeune fille battait violemment ; sa figure, toujours si pâle, était légèrement colorée, tant son émotion était profonde ;… quelquefois elle jetait les yeux avec une sorte