Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/545

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dans la classe ouvrière par suite d’une violente réaction contre les idées démocratiques.

Tout à coup la Mayeux rompit le silence qui durait depuis quelques secondes ; une vive rougeur colorait ses traits, empreints d’une indéfinissable expression de contrainte, de douleur et d’espoir.

— Agricol, tu es sauvé !… s’écria-t-elle.

— Que dis-tu ?

— Cette demoiselle si belle, si bonne, qui, en te donnant cette fleur (et la Mayeux la montra au forgeron) a su réparer avec tant de délicatesse une offre blessante… cette demoiselle doit avoir un cœur généreux… il faut t’adresser… à elle…

À ces mots, qu’elle semblait prononcer en faisant un violent effort sur elle-même, deux grosses larmes coulèrent sur les joues de la Mayeux.

Pour la première fois de sa vie elle éprouvait un ressentiment de douloureuse jalousie… une autre femme était assez heureuse pour pouvoir venir en aide à celui qu’elle idolâtrait, elle, pauvre créature, impuissante et misérable.

— Y penses-tu ? dit Agricol avec surprise ; que pourrait faire à cela cette demoiselle ?

— Ne t’a-t-elle pas dit : Rappelez-vous mon