Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/583

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Ce désagréable animal, type parfait de ce que l’on pourrait appeler le chien de dévote, répondait au nom de Monsieur.

La maîtresse de Monsieur, femme de cinquante ans environ, de taille moyenne et corpulente, était vêtue d’un costume aussi sombre, aussi sévère que celui de Georgette était pimpant et gai. Il se composait d’une robe brune, d’un mantelet de soie noire et d’un chapeau de même couleur ; les traits de cette femme avaient dû être agréables dans sa jeunesse, et ses joues fleuries, ses sourcils prononcés, ses yeux noirs encore très-vifs s’accordaient assez peu avec la physionomie revêche et austère qu’elle tâchait de se donner.

Cette matrone à la démarche lente et discrète était madame Augustine Grivois, première femme de chambre de madame la princesse de Saint-Dizier.

Non-seulement l’âge, la physionomie, le costume de ces deux femmes offraient une opposition frappante, mais ce contraste s’étendait encore aux animaux qui les accompagnaient : il y avait la même différence entre Lutine et Monsieur qu’entre Georgette et madame Grivois.

Lorsque celle-ci aperçut la petite King’s-Charles, elle ne put retenir un mouvement de surprise et de contrariété qui n’échappa pas à la jeune fille.